Marathon de la Parole: Heure 36 le 12 avril 2025 à 5h De Martyrs d'Isarel II 6,1 à Martyrs d'Isarel II 10,38
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Lecteur: 1
6,1 Peu de temps après, le roi envoya Géronte l'Athénien pour forcer les Juifs à enfreindre les lois de leurs pères et à ne plus régler leur vie sur les lois de Dieu, 6,2 pour profaner le Temple de Jérusalem et le dédier à Zeus Olympien, et celui du mont Garizim à Zeus Hospitalier, comme le demandaient les habitants du lieu. 6,3 L'invasion de ces maux était, même pour la masse, pénible et difficile à supporter. 6,4 Le sanctuaire était rempli de débauches et d'orgies par des païens qui s'amusaient avec des prostituées et avaient commerce avec des femmes dans les parvis sacrés, et qui encore y apportaient des choses défendues. 6,5 L'autel était couvert de victimes illicites, réprouvées par les lois. 6,6 Il n'était même pas permis de célébrer le sabbat, ni de garder les fêtes de nos pères, ni simplement de confesser que l'on était Juif. 6,7 On était conduit par une amère nécessité à participer chaque mois au repas rituel, le jour de la naissance du roi et, lorsqu'arrivaient les fêtes dionysiaques, on devait, couronné de lierre, accompagner le cortège de Dionysos. 6,8 Un décret fut rendu, à l'instigation des gens de Ptolémaïs, pour que, dans les villes grecques du voisinage, l'on tînt la même conduite à l'égard des Juifs, et que ceux-ci prissent part au repas rituel, 6,9 avec ordre d'égorger ceux qui ne se décideraient pas à adopter les coutumes grecques. Tout cela faisait prévoir l'imminence de la calamité. 6,10 Ainsi deux femmes furent déférées en justice pour avoir circoncis leurs enfants. On les produisit en public à travers la ville, leurs enfants suspendus à leurs mamelles, avant de les précipiter ainsi du haut des remparts. 6,11 D'autres s'étaient rendus ensemble dans des cavernes voisines pour y célébrer en cachette le septième jour. Dénoncés à Philippe, ils furent brûlés ensemble, se gardant bien de se défendre eux-mêmes par respect pour la sainteté du jour. 6,12 Je recommande à ceux qui auront ce livre entre les mains de ne pas se laisser déconcerter à cause de ces calamités, et de croire que ces persécutions ont eu lieu non pour la ruine mais pour la correction de notre race. 6,13 Quand les pécheurs ne sont pas laissés longtemps à eux-mêmes, mais que les châtiments ne tardent pas à les atteindre, c'est une marque de grande bonté. 6,14 A l'égard des autres nations, le Maître attend avec longanimité, pour les châtier, qu'elles arrivent à combler la mesure de leurs iniquités; ce n'est pas ainsi qu'il a jugé à propos d'agir avec nous, 6,15 afin qu'il n'ait pas à nous punir plus tard lorsque nos péchés auraient atteint leur pleine mesure. 6,16 Aussi bien ne retire-t-il jamais de nous sa miséricorde: en le châtiant par l'adversité, il n'abandonne pas son peuple. 6,17 Qu'il nous suffise d'avoir rappelé cette vérité; après ces quelques mots, il nous faut revenir à notre récit.
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6,18 Eléazar, un des premiers docteurs de la Loi, homme déjà avancé en âge et du plus noble extérieur, était contraint, tandis qu'on lui ouvrait la bouche de force, de manger de la chair de porc. 6,19 Mais lui, préférant une mort glorieuse à une existence infâme, marchait volontairement au supplice de la roue, 6,20 non sans avoir craché sa bouchée, comme le doivent faire ceux qui ont le courage de rejeter ce à quoi il n'est pas permis de goûter par amour de la vie. 6,21 Ceux qui présidaient à ce repas rituel interdit par la loi le prirent à part, car cet homme était pour eux une vieille connaissance; ils l'engagèrent à faire apporter des viandes dont il était permis de faire usage, et qu'il aurait lui-même préparées; il n'avait qu'à feindre de manger des chairs de la victime, comme le roi l'avait ordonné, 6,22 afin qu'en agissant de la sorte, il fût préservé de la mort et profitât de cette humanité due à la vieille amitié qui les liait. 6,23 Mais lui, prenant une noble résolution, digne de son âge, de l'autorité de sa vieillesse et de ses vénérables cheveux blanchis dans le labeur, digne d'une conduite parfaite depuis l'enfance et surtout de la sainte législation établie par Dieu même, il fit une réponse en conséquence, disant qu'on l'envoyât sans tarder au séjour des morts. 6,24 "A notre âge, ajouta-t-il, il ne convient pas de feindre, de peur que nombre de jeunes, persuadés qu'Eléazar aurait embrassé à 90 ans les moeurs des étrangers, 6,25 ne s'égarent eux aussi, à cause de moi et de ma dissimulation, et cela pour un tout petit reste de vie. J'attirerais ainsi sur ma vieillesse souillure et déshonneur, 6,26 et quand j'échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n'éviterai pas, vivant ou mort, les mains du Tout-Puissant. 6,27 C'est pourquoi, si je quitte maintenant la vie avec courage, je me montrerai digne de ma vieillesse, 6,28 ayant laissé aux jeunes le noble exemple d'une belle mort, volontaire et généreuse, pour les vénérables et saintes lois." Ayant ainsi parlé, il alla tout droit au supplice de la roue, 6,29 mais ceux qui l'y conduisaient changèrent en malveillance la bienveillance qu'ils avaient eue pour lui un peu auparavant, à cause du discours qu'il venait de tenir et qui à leur point de vue était de la folie. 6,30 Lui, de son côté, étant sur le point de mourir sous les coups, dit en soupirant: "Au Seigneur qui a la science sainte, il est manifeste que, pouvant échapper à la mort, j'endure sous les fouets des douleurs cruelles dans mon corps, mais qu'en mon âme je les souffre avec joie à cause de la crainte qu'il m'inspire." 6,31 Il quitta donc la vie de cette manière (laissant dans sa mort, non seulement à la jeunesse, mais à la grande majorité de la nation, un exemple de courage et un mémorial de vertu). 7,1 Il arriva aussi que sept frères ayant été arrêtés avec leur mère, le roi voulut les contraindre, en leur infligeant les fouets et les nerfs de boeuf, à toucher à la viande de porc (interdite par la loi). 7,2 L'un d'eux se faisant leur porte-parole: "Que vas-tu, dit-il, demander et apprendre de nous? Nous sommes prêts à mourir plutôt que d'enfreindre les lois de nos pères." 7,3 Le roi, hors de lui, fit mettre sur le feu des poêles et des chaudrons. 7,4 Sitôt qu'ils furent brûlants, il ordonna de couper la langue à celui qui avait été leur porte-parole, de lui enlever la peau de la tête et de lui trancher les extrémités, sous les yeux de ses autres frères et de sa mère. 7,5 Lorsqu'il fut complètement impotent, il commanda de l'approcher du feu, respirant encore, et de le faire passer à la poêle. Tandis que la vapeur de la poêle se répandait au loin, les autres s'exhortaient mutuellement avec leur mère à mourir avec vaillance: 7,6 "Le Seigneur Dieu voit, disaient-ils, et il a en vérité cette compassion de nous selon que Moïse l'a annoncé par le cantique qui proteste ouvertement en ces termes: Et il aura pitié de ses serviteurs."
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7,7 Lorsque le premier eut quitté la vie de cette manière, on amena le second pour le supplice. Après lui avoir arraché la peau de la tête avec les cheveux, on lui demandait: "Veux-tu manger du porc, avant que ton corps soit torturé membre par membre?" 7,8 Il répondit dans la langue de ses pères: "Non!" C'est pourquoi lui aussi fut à son tour soumis aux tourments. 7,9 Au moment de rendre le dernier soupir: "Scélérat que tu es, dit-il, tu nous exclus de cette vie présente, mais le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois." 7,10 Après lui on châtia le troisième. Il présenta aussitôt sa langue comme on le lui demandait et tendit ses mains avec intrépidité; 7,11 il déclara courageusement: "C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise et c'est de lui que j'espère les recouvrer de nouveau.)" 7,12 Le roi lui-même et son escorte furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait les souffrances pour rien. 7,13 Ce dernier une fois mort, on soumit le quatrième aux mêmes tourments et tortures. 7,14 Sur le point d'expirer il s'exprima de la sorte: "Mieux vaut mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l'espoir d'être ressuscité par lui, car pour toi il n'y aura pas de résurrection à la vie." 7,15 On amena ensuite le cinquième et on le tortura. 7,16 Mais lui, fixant les yeux sur le roi, lui disait: "Tu as, quoique corruptible, autorité sur les hommes, tu fais ce que tu veux. Ne pense pas cependant que notre race soit abandonnée de Dieu. 7,17 Pour toi, prends patience et tu verras sa grande puissance, comme il te tourmentera toi et ta race." 7,18 Après celui-là ils amenèrent le sixième, qui dit, sur le point de mourir: "Ne te fais pas de vaine illusion, c'est à cause de nous-mêmes que nous souffrons cela, ayant péché envers notre propre Dieu (aussi nous est-il arrivé des choses étonnantes). 7,19 Mais toi, ne t'imagine pas que tu seras impuni après avoir entrepris de faire la guerre à Dieu." 7,20 Eminemment admirable et digne d'une illustre mémoire fut la mère qui, voyant mourir ses sept fils dans l'espace d'un seul jour, le supporta courageusement en vertu des espérances qu'elle plaçait dans le Seigneur. 7,21 Elle exhortait chacun d'eux, dans la langue de ses pères, et, remplie de nobles sentiments, elle animait d'un mâle courage son raisonnement de femme. Elle leur disait: 7,22 "Je ne sais comment vous avez apparu dans mes entrailles; ce n'est pas moi qui vous ai gratifiés de l'esprit et de la vie; ce n'est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. 7,23 Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé le genre humain et qui est à l'origine de toute chose, vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l'esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l'amour de ses lois." 7,24 Antiochus se crut vilipendé et soupçonna un outrage dans ces paroles. Comme le plus jeune était encore en vie, non seulement il l'exhortait par des paroles, mais il lui donnait par des serments l'assurance de le rendre à la fois riche et très heureux, s'il abandonnait les traditions ancestrales, d'en faire son ami et de lui confier de hauts emplois. 7,25 Le jeune homme ne prêtant à cela aucune attention, le roi fit approcher la mère et l'engagea à donner à l'adolescent des conseils pour sauver sa vie. 7,26 Lorsqu'il l'eut longuement exhortée, elle consentit à persuader son fils. 7,27 Elle se pencha donc vers lui et, mystifiant le tyran cruel, elle s'exprima de la sorte dans la langue de ses pères: "Mon fils, aie pitié de moi qui t'ai porté neuf mois dans mon sein, qui t'ai allaité trois ans, qui t'ai nourri et élevé jusqu'à l'âge où tu es (et pourvu à ton entretien). 7,28 Je t'en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de la même manière. 7,29 Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant digne de tes frères, accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux dans la miséricorde."
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7,30 A peine achevait-elle de parler que le jeune homme dit: "Qu'attendez-vous? Je n'obéis pas aux ordres du roi, j'obéis aux ordres de la Loi qui a été donnée à nos pères par Moïse. 7,31 Et toi, qui t'es fait l'inventeur de toute la calamité qui fond sur les Hébreux, tu n'échapperas pas aux mains de Dieu. 7,32 (Nous autres, nous souffrons à cause de nos propres péchés.) 7,33 Si, pour notre châtiment et notre correction, notre Seigneur qui est vivant s'est courroucé un moment contre nous, il se réconciliera de nouveau avec ses serviteurs. 7,34 Mais toi, ô impie et le plus infect de tous les hommes, ne t'élève pas sans raison, te berçant de vains espoirs et levant la main contre ses serviteurs, 7,35 car tu n'as pas encore échappé au jugement de Dieu qui peut tout et qui voit tout. 7,36 Quant à nos frères, après avoir supporté une douleur passagère, en vue d'une vie intarissable, ils sont tombés pour l'alliance de Dieu, tandis que toi, par le jugement de Dieu, tu porteras le juste châtiment de ton orgueil. 7,37 Pour moi, je livre comme mes frères mon corps et ma vie pour les lois de mes pères, suppliant Dieu d'être bientôt favorable à notre nation et de t'amener par les épreuves et les fléaux à confesser qu'il est le seul Dieu. 7,38 Puisse enfin s'arrêter sur moi et sur mes frères la colère du Tout-Puissant justement déchaînée sur toute notre race!" 7,39 Le roi, hors de lui, sévit contre ce dernier encore plus cruellement que contre les autres, le sarcasme lui étant particulièrement amer. 7,40 Ainsi trépassa le jeune homme, sans s'être souillé, et avec une parfaite confiance dans le Seigneur. 7,41 Enfin la mère mourut la dernière, après ses fils. 7,42 Mais en voilà assez sur la question des repas rituels et des tortures monstrueuses. 8,1 Or Judas appelé aussi Maccabée et ses compagnons, s'introduisant secrètement dans les villages, appelaient à eux leurs frères de race, et, s'adjoignant ceux qui demeuraient fermes dans le Judaïsme, ils en rassemblèrent jusqu'à 6.000. 8,2 Ils suppliaient le Seigneur d'avoir les yeux sur le peuple que tout le monde accablait, d'avoir pitié du Temple profané par les hommes impies, 8,3 d'avoir compassion de la ville en train d'être détruite et réduite au niveau du sol, d'écouter le sang qui criait jusqu'à lui, 8,4 de se souvenir aussi du massacre criminel des enfants innocents et de se venger des blasphèmes lancés contre son nom. 8,5 Une fois à la tête d'un corps de troupe, le Maccabée devint désormais invincible aux nations, la colère du Seigneur s'étant changée en miséricorde. 8,6 Tombant à l'improviste sur des villes et des villages, il les brûlait; occupant les positions favorables, il infligeait à l'ennemi de très lourdes pertes. 8,7 Pour de telles opérations, il choisissait surtout la complicité de la nuit, et la renommée de sa vaillance se répandait partout. 8,8 Voyant cet homme s'affirmer peu à peu et remporter des succès de plus en plus fréquents, Philippe écrivit à Ptolémée, stratège de Coelé-Syrie et Phénicie, de venir au secours des affaires du roi. 8,9 Ayant fait choix de Nikanor, fils de Patrocle, du rang des premiers amis, le roi l'envoya sans retard, à la tête d'au moins 20.000 hommes de diverses nations, pour qu'il exterminât la race entière des Juifs. Il lui adjoignit Gorgias, général de métier rompu aux choses de la guerre. 8,10 Nikanor comptait, à part lui, acquitter au moyen de la vente des Juifs qu'on ferait prisonniers, le tribut de 2.000 talents dû par le roi aux Romains. 8,11 Il s'empressa d'envoyer aux villes maritimes une invitation à venir acheter des esclaves juifs, promettant de leur en livrer 90 pour un talent; il ne s'attendait pas à la sanction qui devait s'ensuivre pour lui de la main du Tout-Puissant.
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8,12 La nouvelle de l'avance de Nikanor parvint à Judas. Quand celui-ci eut averti les siens de l'approche de l'armée ennemie, 8,13 les lâches et ceux qui manquaient de foi en la justice de Dieu prirent la fuite et gagnèrent d'autres lieux. 8,14 Les autres vendaient tout ce qui leur restait et priaient le Seigneur de les délivrer de l'impie Nikanor qui les avait vendus avant même que la rencontre eût lieu: 8,15 sinon à cause d'eux, du moins en considération des alliances conclues avec leurs pères et parce qu'ils portaient eux-mêmes son nom auguste et plein de majesté. 8,16 Maccabée, ayant donc réuni ses hommes au nombre de 6.000, les exhorte à ne pas être frappés de crainte devant les ennemis et à n'avoir cure de la multitude des païens qui les attaquent injustement, mais à combattre avec vaillance, 8,17 ayant devant les yeux l'outrage qu'ils ont commis contre le lieu saint et le traitement indigne infligé à la ville bafouée, enfin la ruine des usages traditionnels. 8,18 "Eux, ajouta-t-il, se fient aux armes et aux actes audacieux, tandis que nous autres, nous avons placé notre confiance en Dieu, le Tout-Puissant, capable de renverser en un clin d'oeil ceux qui marchent contre nous, et avec eux le monde entier." 8,19 Il leur énuméra les cas de protection dont leurs aïeux furent favorisés, celui qui eut lieu sous Sennachérib, comment avaient péri 180.000 hommes; 8,20 celui qui arriva en Babylonie dans une bataille livrée aux Galates, comment ceux qui prenaient part à l'action, en tout 8.000 avec 4.000 Macédoniens, ceux-ci étant aux abois, les 8.000 avaient détruit 120.000 ennemis, grâce au secours qui leur était venu du Ciel, et avaient fait un grand butin. 8,21 Après les avoir remplis de confiance par ces paroles, et les avoir disposés à mourir pour leurs lois et leur patrie, il divisa son armée en quatre corps. 8,22 A la tête de chaque corps il mit ses frères Simon, Joseph et Jonathas, donnant à chacun d'eux 1.500 hommes. 8,23 En outre, il ordonna à Esdrias de lire le Livre saint, puis, ayant donné pour mot d'ordre: "Secours de Dieu!" il prit la tête du premier corps et attaqua Nikanor. 8,24 Le Tout-Puissant s'étant fait leur allié, ils égorgèrent plus de 9.000 ennemis, blessèrent et mutilèrent la plus grande partie des soldats de Nikanor et les mirent tous en fuite. 8,25 L'argent de ceux qui étaient venus les acheter tomba entre leurs mains. S'étant attardés assez longtemps à les poursuivre, ils revinrent sur leurs pas, pressés par l'heure, 8,26 car c'était la veille du sabbat, et, pour ce motif, ils ne s'attardèrent pas à leur poursuite. 8,27 Quand ils eurent ramassé les armes des ennemis et enlevé leurs dépouilles, ils se livrèrent à la célébration du sabbat, multipliant les bénédictions et louant le Seigneur qui les avait sauvés et avait fixé à ce jour la première manifestation de sa miséricorde. 8,28 Après le sabbat, ils distribuèrent une part du butin à ceux qu'avait lésés la persécution, aux veuves et aux orphelins; eux-mêmes et leurs enfants se partagèrent le reste. 8,29 Cela fait, ils organisèrent une supplication commune, priant le Seigneur miséricordieux de se réconcilier entièrement avec ses serviteurs. 8,30 Se mesurant avec les soldats de Timothée et de Bacchidès, ils en tuèrent plus de 20.000 et emportèrent de bien hautes forteresses. Ils divisèrent leur immense butin en deux parts égales, l'une pour eux-mêmes, l'autre pour les victimes de la persécution, les orphelins et les veuves, sans oublier les vieillards. 8,31 Ils apportèrent un grand soin à recueillir les armes ennemies et les entreposèrent en des lieux convenables. Quant au reste des dépouilles, ils le portèrent à Jérusalem. 8,32 Ils tuèrent le phylarque qui se trouvait dans l'entourage de Timothée, homme fort impie qui avait causé beaucoup de mal aux Juifs. 8,33 Pendant qu'ils célébraient les fêtes de la victoire dans leur patrie, ils brûlèrent ceux qui avaient mis le feu aux portes saintes et s'étaient avec Callisthène réfugiés dans une même petite maison, et qui reçurent ainsi le digne salaire de leur profanation. 8,34 Le triple scélérat Nikanor, qui avait amené les mille marchands pour la vente des Juifs, 8,35 humilié, avec l'aide du Seigneur, par des gens qui, pensait-il à part lui, étaient ce qu'il y avait de plus bas, Nikanor, dépouillant son habit d'apparat, s'isolant même de tous les autres, fuyant à travers champs à la manière d'un esclave échappé, parvint à Antioche, ayant une chance extraordinaire alors que son armée avait été détruite. 8,36 Et celui qui avait promis aux Romains de réaliser un tribut avec le prix des captifs de Jérusalem proclama que les Juifs avaient un défenseur, que les Juifs étaient invulnérables par cela même qu'ils suivaient les lois que lui-même avait dictées.
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9,1 Vers ce temps-là, Antiochus était piteusement revenu des régions de la Perse. 9,2 En effet, une fois entré dans la ville qu'on appelle Persépolis, il s'était mis en devoir d'en piller le temple et d'opprimer la ville. Aussi la foule, se soulevant, recourut-elle aux armes, et il arriva qu'Antiochus, mis en fuite par les habitants du pays, dut opérer une retraite humiliante. 9,3 Comme il se trouvait vers Ecbatane, il apprit ce qui était arrivé à Nikanor et aux gens de Timothée. 9,4 Transporté de fureur, il pensait faire payer aux Juifs l'injure de ceux qui l'avaient mis en fuite et, pour ce motif, il ordonna au conducteur de pousser son char sans s'arrêter jusqu'au terme du voyage. Mais déjà il était accompagné par la sentence du Ciel. Il avait dit en effet, dans son orgueil: "Arrivé à Jérusalem, je ferai de cette ville la fosse commune des Juifs." 9,5 Mais le Seigneur qui voit tout, le Dieu d'Israël, le frappa d'une plaie incurable et invincible. A peine avait-il achevé sa phrase qu'une douleur d'entrailles sans remède le saisit et que des souffrances aiguës le torturaient au-dedans, 9,6 ce qui était pleine justice, puisqu'il avait infligé aux entrailles des autres des tourments nombreux et étranges. 9,7 Il ne rabattait pourtant rien de son arrogance; toujours rempli d'orgueil, il exhalait contre les Juifs le feu de sa colère et commandait d'accélérer la marche, quand il tomba soudain du char qui roulait avec fracas, le corps entraîné dans une chute malheureuse, et tous les membres tordus. 9,8 Lui qui tout à l'heure croyait, dans sa jactance surhumaine, commander aux flots de la mer, lui qui s'imaginait peser dans la balance la hauteur des montagnes, se voyait gisant à terre, puis transporté dans une litière, faisant éclater aux yeux de tous la puissance de Dieu, 9,9 à telle enseigne que les yeux de l'impie fourmillaient de vers et que, lui vivant, ses chairs se détachaient par lambeaux avec d'atroces douleurs, enfin que la puanteur de cette pourriture soulevait le coeur de toute l'armée. 9,10 Celui qui naguère semblait toucher aux astres du ciel, personne maintenant ne pouvait l'escorter à cause de l'incommodité intolérable de cette odeur. 9,11 Là donc, il commença, tout brisé, à dépouiller cet excès d'orgueil et à prendre conscience des réalités sous le fouet divin, torturé par des crises douloureuses. 9,12 Comme lui-même ne pouvait supporter son infection, il avoua: "Il est juste de se soumettre à Dieu, et, simple mortel, de ne pas penser à s'égaler à la divinité." 9,13 Mais les prières de cet être abject allaient vers un Maître qui ne devait plus avoir pitié de lui: 9,14 il promettait de déclarer libre la ville sainte que naguère il gagnait en toute hâte pour la raser et la transformer en fosse commune, 9,15 de faire de tous les Juifs les égaux des Athéniens, eux qu'il jugeait indignes de la sépulture et bons à servir de pâture aux oiseaux de proie ou à être jetés aux bêtes avec leurs enfants, 9,16 d'orner des plus belles offrandes le saint Temple qu'il avait jadis dépouillé, de lui rendre au double tous les vases sacrés et de subvenir de ses propres revenus aux frais des sacrifices, 9,17 et finalement de devenir lui-même Juif et de parcourir tous les lieux habités pour y proclamer la toute-puissance de Dieu.
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9,18 Comme ses souffrances ne se calmaient d'aucune façon, car le jugement équitable de Dieu pesait sur lui, et qu'il voyait son état désespéré, il écrivit aux Juifs la lettre transcrite ci-dessous, sous forme de supplique. Elle était ainsi libellée: 9,19 "Aux excellents Juifs, aux citoyens, Antiochus roi et stratège: salut, santé et bonheur parfaits! 9,20 Si vous vous portez bien ainsi que vos enfants, et que vos affaires aillent suivant vos désirs, nous en rendons de très grandes actions de grâces. 9,21 Pour moi, je suis étendu sans force sur un lit et je garde un affectueux souvenir de vous. A mon retour des régions de la Perse, atteint d'un mal fâcheux, j'estimai nécessaire de veiller à la sûreté de tous. 9,22 Ce n'est pas que je désespère de mon état, ayant au contraire le ferme espoir d'échapper à cette maladie. 9,23 Mais, considérant que mon père, chaque fois qu'il portait les armes dans les pays d'en haut, désignait son futur successeur, 9,24 afin que, en cas d'un événement inattendu ou d'un bruit fâcheux, ceux qui étaient dans les provinces n'en pussent être troublés, sachant à qui il avait laissé la direction des affaires, 9,25 après avoir songé en outre que les souverains proches de nous et les voisins de notre royaume épient les circonstances et attendent les éventualités, j'ai désigné comme roi mon fils Antiochus, que plus d'une fois, lorsque je parcourais les satrapies d'en haut, j'ai confié et recommandé à la plupart d'entre vous. Je lui ai écrit d'ailleurs la lettre transcrite ci-dessous. 9,26 Je vous prie donc et vous conjure, vous souvenant des bienfaits que vous avez reçus de moi en public et en particulier, de conserver chacun, pour mon fils également, les dispositions favorables que vous éprouvez pour moi. 9,27 Je suis en effet persuadé que, plein de douceur et d'humanité, il suivra scrupuleusement mes intentions et s'entendra bien avec vous." 9,28 Ainsi ce meurtrier, ce blasphémateur, en proie aux pires souffrances, semblables à celles qu'il avait fait endurer aux autres, eut le sort lamentable de perdre la vie loin de son pays, en pleine montagne. 9,29 Philippe, son familier, ramena son corps, mais, craignant le fils d'Antiochus, il se retira en Egypte auprès de Ptolémée Philométor. 10,1 Maccabée, avec ses compagnons, recouvra sous la conduite du Seigneur le sanctuaire et la ville 10,2 et détruisit les autels élevés par les étrangers sur la place publique ainsi que les lieux du culte. 10,3 Une fois le Temple purifié, ils bâtirent un autre autel, puis, ayant tiré des étincelles de pierres à feu, ils prirent de ce feu et, après deux ans d'interruption, ils offrirent un sacrifice, firent fumer l'encens, allumèrent les lampes et exposèrent les pains de proposition. 10,4 Cela fait, prosternés sur le ventre, ils prièrent le Seigneur de ne plus les laisser tomber dans de tels maux, mais de les corriger avec mesure, s'il leur arrivait jamais de pécher, et de ne pas les livrer aux nations blasphématrices et barbares. 10,5 Ce fut le jour même où le Temple avait été profané par les étrangers que tomba le jour de la purification du Temple, c'est-à-dire le 25 du même mois qui est Kisleu. 10,6 Ils célébrèrent avec allégresse huit jours de fête à la manière des Tentes, se souvenant comment naguère, aux jours de la fête des Tentes, ils gîtaient dans les montagnes et dans les grottes à la façon des bêtes sauvages. 10,7 C'est pourquoi, portant des thyrses, de beaux rameaux et des palmes, ils firent monter des hymnes vers Celui qui avait mené à bien la purification de son lieu saint. 10,8 Ils décrétèrent par un édit public confirmé par un vote que toute la nation des Juifs solenniserait chaque année ces jours-là. 10,9 Telles furent donc les circonstances de la mort d'Antiochus surnommé Epiphane. 10,10 Nous allons maintenant exposer les faits qui concernent Antiochus Eupator, fils de cet impie, en résumant les maux causés par les guerres. 10,11 Ayant hérité du royaume, ce prince promut à la tête des affaires un certain Lysias, stratège en chef de Coelé-Syrie et Phénicie. 10,12 Quant à Ptolémée, surnommé Makrôn, le premier à observer la justice envers les Juifs, à cause des torts qu'on leur infligeait, il s'était efforcé de les administrer pacifiquement. 10,13 Accusé en conséquence par les amis du roi auprès d'Eupator, il s'entendait, en toute occasion, appeler traître, pour avoir abandonné Chypre que lui avait confié Philométor, avoir passé du côté d'Antiochus Epiphane et n'avoir pas fait honneur à la dignité de sa charge: il quitta l'existence en s'empoisonnant.
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10,14 Gorgias, devenu stratège de la région, entretenait des troupes mercenaires et saisissait toutes les occasions pour faire la guerre aux Juifs. 10,15 En même temps, les Iduméens, maîtres de forteresses bien situées, harcelaient les Juifs, et, accueillant les proscrits de Jérusalem, tentaient de fomenter la guerre. 10,16 Maccabée et ses compagnons, après avoir fait des prières publiques et demandé à Dieu de se faire leur allié, se mirent en mouvement contre les forteresses des Iduméens. 10,17 Les ayant attaquées avec vigueur, ils se rendirent maîtres de ces positions et repoussèrent tous ceux qui combattaient sur le rempart; ils égorgeaient quiconque tombait entre leurs mains, ils n'en tuèrent pas moins de 20.000. 10,18 9.000 hommes au moins s'étant réfugiés dans deux tours remarquablement fortes, ayant avec eux tout ce qu'il faut pour soutenir un siège, 10,19 Maccabée laissa pour les assiéger Simon et Joseph avec Zacchée et les siens en nombre suffisant, et partit en personne pour des endroits où il y avait urgence. 10,20 Mais les gens de Simon, avides de richesses, se laissèrent gagner à prix d'argent par quelques-uns de ceux qui gardaient les tours et, pour une somme de 70.000 drachmes, ils en laissèrent s'échapper un certain nombre. 10,21 Quand on eut annoncé à Maccabée ce qui était arrivé, il réunit les chefs du peuple, il accusa les coupables d'avoir vendu leurs frères à prix d'argent en relâchant contre eux leurs ennemis. 10,22 Il les fit donc exécuter comme traîtres et aussitôt après il s'empara des deux tours. 10,23 Menant tout à bonne fin par la valeur de ses armes, il tua dans ces deux forteresses plus de 20.000 hommes. 10,24 Timothée, qui avait été battu précédemment par les Juifs, ayant levé des forces étrangères en grand nombre et réuni quantité de chevaux venus d'Asie, parut bientôt en Judée, s'imaginant qu'il allait s'en rendre maître par les armes. 10,25 A son approche, Maccabée et ses hommes se répandirent en supplications devant Dieu, la tête saupoudrée de terre et les reins ceints d'un cilice. 10,26 Prosternés contre le soubassement antérieur de l'autel, ils demandaient à Dieu de leur être favorable, de se déclarer l'ennemi de leurs ennemis, l'adversaire de leurs adversaires, suivant les claires expressions de la Loi. 10,27 Ayant pris les armes au sortir de cette prière, ils s'avancèrent hors de la ville, jusqu'à une sérieuse distance, et, quand ils furent près de l'ennemi, ils s'arrêtèrent. 10,28 Au moment même où se diffusait la clarté du soleil levant, ils en vinrent aux mains de part et d'autre, les uns ayant pour gage du succès et de la victoire, outre leur vaillance, le recours au Seigneur, les autres prenant leur emportement pour guide des batailles. 10,29 Au fort du combat, apparurent du ciel aux ennemis, sur des chevaux aux freins d'or, cinq hommes magnifiques qui se mirent à la tête des Juifs 10,30 et, prenant en même temps Maccabée au milieu d'eux et le couvrant de leurs armures, le gardaient invulnérable. Ils lançaient aussi des traits et la foudre sur les adversaires qui, bouleversés par l'éblouissement, se dispersaient dans le plus grand désordre. 10,31 20.500 fantassins et 600 cavaliers furent alors égorgés. 10,32 Quant à Timothée, il s'enfuit en personne dans une place très forte appelée Gazara, où Chéréas était stratège. 10,33 Pendant quatre jours, Maccabée et les siens l'assiégèrent avec une ardeur joyeuse. 10,34 Confiants dans la force de la place, ceux qui se trouvaient à l'intérieur proféraient d'énormes blasphèmes et lançaient des paroles impies. 10,35 Le cinquième jour commençant à poindre, vingt jeunes gens de la troupe de Maccabée, que les blasphèmes avaient enflammés de colère, s'élancèrent contre la muraille, animés d'un mâle courage et d'une ardeur farouche, et ils massacrèrent quiconque se présentait devant eux. 10,36 D'autres montaient pareillement contre les assiégés en les prenant à revers, mettaient le feu aux tours et, ayant allumé des bûchers, brûlèrent vifs les blasphémateurs. Cependant, brisant les portes, les premiers accueillirent le reste de l'armée et à leur tête s'emparèrent de la ville. 10,37 Ils égorgèrent Timothée, qui s'était caché dans une citerne, et avec lui son frère Chéréas et Apollophane. 10,38 Après avoir accompli ces exploits, ils bénirent avec des hymnes et des louanges le Seigneur qui accordait de si grands bienfaits à Israël et qui lui donnait la victoire.
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Bible de Jérusalem - éditions du Cerf - 1988